Monday, May 26, 2008

Les enjeux humanitaires du conflit au Darfour

« Toute idée fausse finit dans le sang, mais il s’agit toujours du sang des autres. »
Albert Camus (1913-1960)
Il ya a à peine quinze que des extrémistes hutu ont répondu à l’appel de « couper les grandes arbres ». Le bilan en fut désastreuses ; 800,000 massacrés en trois mois. Bien que le nombre des victimes du conflit actuel au Darfour ne soit pas aussi important, le dégât causé par ce conflit ne peut non plus être sous-estimé. Les violations massives des droits de l’homme ne laissent cependant pas indifférent tout le monde, l’attention médiatique qu’a suscité le conflit en fait preuve. Les organisations non-gouvernementales, des hommes politiques[1] ou encore des « hollywoodiens[2] » mobilisent l’opinion publique pour une éventuelle intervention internationale au Darfour. Si une intervention de la communauté internationale compte tenu de la passivité de Khartoum semble être une réponse idéale dans la quête pour trouver une solution durable au conflit, il n’en demeure pas moins vrai que ceci se heurte à des principes fondamentaux du droit international modelé de façon impressionnante à préserver l’indépendance politique des états.
Nous allons ainsi aborder au cours de ce chapitre mettre à la lumière les implications humanitaires du conflit à savoir dans la première partie du chapitre les violations massives de droits de l’homme et la situation des populations déplacés. Dans la deuxième partie, nous allons analyser comment droit internationale à travers certains principes fondamentaux entrave la résolution pacifique du conflit aux sales racines qui ensanglante la région du Darfour.

A. Les Implications humanitaires du conflit au Darfour
La phase initiale du conflit, du février 2003 au Mars 2004, a été caractérisée par un ensemble des mesures de répression prises à l’encontre des groupes insurgés par le gouvernement soudanais. L’emploi des milices janjaweeds couplé avec les bombardements à tort et à travers la région du Darfour coutera la vie à milliers des Darfouriens. Le gouvernement soudanais sous la pression internationale va signer un « Joint Communiqué » avec l’ONU en juillet 2003. Le gouvernement soudanais s’engagea par cet accord à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des civiles et à limiter la prolifération des armes légères. Cependant les termes de cet accord ne seront pas appliqués et les incidents de viols et de meurtres se multiplieront.
Compte tenu de son manque de volonté à poursuivre une résolution pacifique du conflit et ses abus flagrants de droits de l’homme, le gouvernement est loin d’être considéré comme un acteur crédible en ce qui concerne le respect et la garantie de la sécurité de ces citoyens. Ce partie est ainsi consacré à présenter de façon concise comment ce contexte de désordre va encourager la violation massive des droits de l’homme et la situation des réfugiés.


1. Les violations massives des droits de l’homme
Fatima, 15 ans, a été violée le même jour par 8 janjaweeds. Elle est enceinte de sept mois. La police, remplissant son devoir, l’arrête pour fornication puisqu’elle est enceinte sans être mariée.
« - Qui est le père de ton enfant ?
- Je n’en sais rien, ils étaient 8 à m’avoir violée et aucun n’a dit son nom ».Elle fut donc condamnée à être flagellée ou à payer une énorme amende[3]. La situation de Fatima n’est malheureusement pas un cas isolé. Chaque jour des milliers de femmes et de jeunes filles au Darfour subissent des viols et des abus sexuels à la main de leurs agresseurs.
En début d’année 2005, la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU, a dénoncé les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis dans la région. Ainsi à l’initiative de la France, le Conseil de sécurité de l’ONU adopta la résolution 1593 menaçant de poursuites devant la Cour Pénale Internationale les responsables d’exactions. Pour autant, il est à regretter que la situation humanitaire au Darfour ne cesse pas de se dégrader. L’état soudanais pourtant signataire[4] de la convention de Genève relative aux conflits armés interne ne respecte guère les obligations qui en découlent.
Ainsi en novembre 2006 le village de Sirba nord au Darfour prés de la frontière Tchadien a été attaque par les forces armes soudanais et les milices. Cette attaque selon Praveen Randhawa, porte-parole de l’Haute Commissaire pour le Droit de l’Homme de l’ONU, était sans provocation et délibéré. Le bilan fut désastreux ; huit personnes civiles y compris un gamin âgé de trois ans ont été abattues, une famille a été mise en feu dans leur maison par les agresseurs. Trente personnes ont été tues et quarante blessés.
Même si l’afflux d’aide d’ONG, a certes évité une catastrophe de plus grande ampleur dans la région il n’en demeure pas moins vrai que l’aide humanitaire ne suffit pas à protéger les civils. Selon l’ONU, quelques 200,000 auraient perdu la vie depuis le début de la guerre en 2003 à cause des maladies ou de malnutrition.50, 000 tués, fusillés, poignardés ou brulés vifs. On estime qu’environ 10,000 des Darfouriens trouve la mort chaque mois. D’autres estimations qui additionnent violence, maladie et malnutrition, atteignent 300 000 ou 400 000 morts. Un autre chiffre donne une idée plus exacte de l’impact du conflit : c’est celui de 2 millions de personnes chassées de leurs terres dont 1,8 million de déplacés à l’intérieur du Darfour et 200 000 réfugiés au Tchad, soit le tiers des habitants du Darfour.
Les menaces principales se rapportent à la violence directe contre les civils par un nombre accru d'acteurs armés, y compris la violence sexuelle, le harcèlement physique et le pillage des propriétés. En outre, les violations de DIH et des principes humanitaires se poursuivent, tel que le refus de laisser l'accès à l'aide humanitaire, les attaques contre les travailleurs humanitaires ou des installations humanitaires, et les mouvements forcés de population.
En effet, les rebelles ont le soutien des villages, et selon le gouvernement soudanais, ces derniers prennent les populations civiles en otage comme boucliers humains. D’où ces attaques contre les villages dont les maisons sont brûlées et certaines femmes, selon des témoignages, violées.
Marc Lavergne dans son article[5] observe que « les attaques combinées des janjawids et de l’armée sont d’une tout autre nature ; les hommes en âge de porter les armes sont exécutés sans autre forme de procès, de même que tous ceux qui opposent une résistance, les femmes et les jeunes filles capturées ou violées sur place. Mais il arrive que la population avertie à temps, parvienne à s’enfuir en abandonnant les personnes âgées et les malades ainsi que le bétail, n’emmenant que quelques ânes qui aident à emporter les biens essentiels ». Nous avons ainsi dressé ci-dessous une liste des massacres importants qu’ont connus des nombreuses villes Darfouriens.
La population civile au Darfour demeure la principale cible des attaques et des affrontements entre les acteurs protagonistes du conflit. Selon des informations rendues public par le « Soudan Organisation Against Torture » une ONG, un groupe des officiers des renseignements militaires, accompagnés par les chefs des milices Janjaweeds auraient procédés à l’arrestation de 168 personnes civiles de la tribu des Fours dans l’ouest du Darfour dans le village de Delaij entre le 5 et 7 mars 2004. Ces personnes civiles accusé de soutenir le SLA, ont été fusillées à la méprise de toute norme juridique.
Abu Suruj situe au nord ouest d’Al Geneina, composes d’une population de 18 000 fut la première ville attaqué dans une série d’attaques menés par les forces armés soudanais et/ou des milices janjaweeds le 8 février 2008. Les forces armés soudanais avec les milices sont entrés au village avec des coups de feu et se sont mirent à détruire des biens. Des maisons ont été réduites en cendres. Un rapport de l’ONU a confirme que 75 pour cent du village a été brule et plus de 70 magasins ont été pilles. Bref environ 30 personnes civils ont perdu la vie y compris les enfants et les handicapes.
Le village de Sirba peuplé d’environ 10 000 habitants et situé à l’est d’Abu Suruj fut la deuxième attaqué ce jour-là. Les attaques ont été par précédés par des bombardements aériens. Il y avait plus de cent milices janjaweeds équipé d’environ trente voitures militaires. Les locaux accusés d’avoir soutenu la rébellion ont été sévèrement « puni » .L’état de perte était plus que celui d’Abu Suruj, environs 42 personnes civils morts.
La ville de Silea situe au nord d’Al Geneina et composé d’environ 10 000 personnes était la dernière ville à être attaquer par les forces armés soudanaise et les milices. Des centaines des maisons ont été pillées ou brulées. 20 personnes civiles ont été tués dont la plupart des victimes étaient des femmes et des filles. Deux soldats du gouvernement ont été accusés d’y avoir violé une fille âgée de onze ans.
[1] Au printemps 2004, les Etats-Unis sont en campagne électorale : John Kerry, le candidat démocrate, dénonce la passivité de son concurrent, George W. Bush, au sujet du Darfour, pour mieux l'opposer à la désastreuse guerre menée en Irak., Durant la campagne électorale française(2007), Urgence Darfour est même parvenu à faire signer à des candidats à la présidence - dont Bayrou et Ségolène Royal - une déclaration dans laquelle ils promettaient, une fois à la présidence, de boycotter les jeux olympiques de Pékin en 2008, si la Chine « continuait à refuser de forcer le gouvernement soudanais à mettre un terme au génocide ».
[2] Des acteurs comme George Clooney, Mia Farrow, Don Cheadle (l’héro du film « hotel Rwanda »,) ont essayé à travers des nombreuses discours publique d’attirer l’attention de la communauté internationale et surtout celle de la population américain à la détresse des Darfouriens
[3] Hassan Al- Tom, Il ne faut pas trop vite se réjouir. Disponible sur<< www.vigilsd.org>> Format PDF. Edition no 129 Mars /Avril 2005. Consulté le 15.03.2008

[4] Il convient de signaler que le Soudan a non seulement signé la convention de Genève mais l’a également ratifié.
[5] LAVERGNE Marc. «http://www.marc-lavergne.com/travaux/caf/darfour%20Afrique%20contemporaine.pdf.»
Consulté le 15.03.2008

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