Thursday, May 22, 2008

Les racines historiques du conflit au darfour

Premier Partie : Les Racines Historiques Et Les Implications Humanitaires Du Conflit
La guerre civile que connait actuellement le Darfour est le fruit de la complexité culturelle, religieuse, ethnique, politique qui caractérise le pays. Certains osent même l’assimilée à une mauvaise gestion voire une faillite de l’Etat post colonial Soudanais[1]. Le Soudan depuis son indépendance, a toujours été en guerre[2], exception faite de la période allant de 1972 à 1983, suite aux accords fragiles d’Addis-Ababa consacrant l’autonomie du Sud-Soudan[3]. Aujourd'hui plusieurs raisons sont avancées pour comprendre le drame du conflit actuel au Darfour. Les raisons en sont nombreuses ; elles sont d’ordre historique, économique et conjoncturel.
C’est d’ailleurs dans cet ordre d’idée que nous allons au cours de ce chapitre aborder en deux sections les raisons qui explique la redondance du conflit. Dans une première section (qui est elle divisée en deux sous sections), nous allons parler des guerres civiles successives qu’a connues le soudan et leurs effets sur l’actuel conflit et aussi les causes du conflit actuel.
Dans la deuxième section ; divisée elle aussi en deux sous sections, nous allons voir les protagonistes du conflit à savoir les milices Janjaweeds et les mouvements rebelles dans la première sous section et dans la deuxième le rôle joué par gouvernement Soudanais dans le conflit au Darfour


Chapitre I : Les origines et les acteurs du conflit au Darfour
Même si l’argument doit être utilisé avec prudence, il faut souligner ici que le conflit qui se déploie au Darfour au début des années 2000 est l’héritier des événements tragiques des années 1980, comme disait Michelet[4] « celui qui voudra s’en tenir au présent, à l’actuel, ne comprendra pas l’actuel. »[5] L’on ne peut donc essayer d’expliquer ou de comprendre les causes de ce conflit sans pour autant chercher à comprendre les raisons qui ont été à l’origine des nombreux conflits qu’a connus la région.

Section I : Les guerres civiles successives au Soudan et leurs retombées sur le conflit actuel et les causes du conflit actuel.
L’Etat post colonial soudanais a pour longtemps été marqué par des affrontements violents. La fragilité du nouvel Etat et son incapacité à imposer son autorité sur l’ensemble du territoire explique en grande partie la récurrence de ces conflits. Les affrontements ont souvent eu lieu en raison des tensions ethnique et parfois politique. Mais doit-on se restreindre à une explication basée seulement sur les rivalités tribales et différences ethnico-religieux?
L’objet donc de cette partie est dès lors d’illustrer la fragilité du système politique mise en place par le pays au lendemain de son accession à l’indépendance à travers une lecture analytique des nombreux conflits qu’a connus le soudan et en particulier les régions du Darfour en estimant que le défaut du légitimité et la faillite du pouvoir central ont largement contribué à l’éclatement du conflit actuel au Darfour.
Sous section I : Les guerres civiles successives au soudan et leurs retombées sur le conflit actuel
Les raisons qui sont souvent à l’origine des nombreux conflits qui ont au fil des années marqué l’histoire du soudan peuvent être regroupées autours de deux axes principaux à savoir un facteur naturel (liés à des raisons environnementales et écologiques) d’une part et des facteurs artificiels (la prolifération des armes légères, les guerres d’indépendance et l’instabilité politique du pays) d’autre part.
Rattaché au Soudan en1916 après une relative autonomie à l’ère colonial, le Darfour a tout au long de son histoire connu des nombreux conflits pour des raisons qui sont majoritairement liés à la concurrence sur les ressources naturels de la région.
La compétition croissante pour la terre et l’eau, dans une région touchée depuis les années soixante-dix par des sécheresses récurrentes, est une des sources de la crise du Darfour. Elle a mis à mal le fragile équilibre entre les groupes, entraînant la multiplication des conflits entre les communautés d’agriculteurs noirs (ethnies Fur, Massalit et Zaghawa) et les groupes de pasteurs nomades, majoritairement arabes. Comme dans toute la bande sahélienne, la cohabitation entre nomades et sédentaires au Darfour a été mise à mal depuis le milieu des années soixante-dix par la dégradation de l’environnement. Autrefois, la terre appartenait aux sédentaires, essentiellement Four et Massalit, mais les nomades y disposaient d’un droit de passage pour leurs troupeaux. La sécheresse, l’avancée du désert couplé avec l’accroissement des populations ont rendu bien plus difficile l’application des anciennes règles de partage des terres. Les nomades ont dû descendre leurs troupeaux de plus en plus bas et de plus en plus tôt, les routes de transhumance ont été de plus en plus rendues impraticables par l’extension des cultures, générant ces tensions croissantes intercommunautaire.
Des confrontations ont souvent surgit entre les pasteurs pour sauver leur bétail et les sédentaires pour protéger leurs cultures lors de la migration saisonnière entre le Nord et le Sud. Mais, il existait un mécanisme traditionnel séculaire entre tribus permettant de contenir les conflits et maintenir la cohésion ethnique de la région. Les chefs de tribus et de communautés jouaient un rôle de premier plan en ce qui concerne la résolution de ces conflits. Si ces mécanismes traditionnels encouragés par les forces coloniales anglo-égyptiens[6] ont porté des fruits symboliques dans la résolution pacifique de nombreux conflits, il n’en demeure pas moins vrai qu’un nombre important de ces tentatives ont souvent dégénérés en des calamités désastreuses.
Ces conflits armés intertribaux entre les communautés pasteurs et sédentaires ont marqué l’histoire du Darfour à partir des années 50, nous pouvons citer à titre d’exemple un certain nombre de ces conflits qui ont ravagé le Darfour à savoir « le conflit entre les Meidobs et Kababish en 1957 déclenché par le vol mutuel des chameaux et des disputes sur le droit de passage pour leurs troupeaux, le conflit entre les Rezeigats et les Ma’aliyah, aussi causé par le vol des bétails et les disputes sur l’accès aux zones de pâturage en 1968, les Zaghawa contre les Rezeigats du Nord en 1969 pour le vol des bétails et les disputes sur l’accès à l’eau, les Zaghawas contre les Birgid en 1974, les Beni Helba contre les Rezeigats du Nord en 1976 déclenché par pour le vol des bétails et les disputes sur l’accès à l’eau, les Taisha contre les Salamats déclenché par le vol des bétails et les disputes sur l’accès à l’eau en 1980, les Kababish et les Khawabeer contre les Meidobs, les Berti contre les Zeiyadiva déclenché par le vol des bétails et les disputes sur l’accès à l’eau et le droit de passage pour leurs troupeaux en 1980, les Missairiya contre les Rezeigats déclenché par le vol des bétails et les disputes sur l’accès à l’eau et le droit de passage pour leurs troupeaux en 1982, les Gimirs et les Mararit contre les Fellata déclenché par le vol des bétails et les disputes sur l’accès à l’eau et le droit de passage pour leurs troupeaux en 1987, les Fours de Kabkabiya contre les Zaghawas déclenché par le vol des bétails et les disputes le droit de passage pour leurs troupeaux en 1989, Les Fours contre des tribus arabes causé par des disputes sur le droit de passage pour leurs troupeaux et par des raisons politiques en 1989 »[7]. La plupart de ces conflits armés ont non seulement entrainé la mort des milliers d’hommes et la destruction des maisons et propriétés mais aussi ils ont eu des implications transfrontalières importantes sur les pays voisins en particulier le Tchad.
Les tensions que connaît la région du Darfour vont à partir de la grande famine de 1984-1985 dégénérer de plus en plus affrontements armés, notamment en 1987 et 1989[8]. La ligne de fracture n’est pas entre Arabes et Noirs, mais entre nomades et sédentaires, opposant des groupes comme les Zaghawa et les Four, aujourd’hui dans le même camp.
Un autre facteur important qui a impulsé les conflits peut aussi s’expliquer par l’introduction progressive des armes légères dans les communautés pastorales et sédentaires. Si par le passé, les armes présentes dans ces régions n’étaient que des épées, des machettes et des flèches, le nombre de ces armes légères au Darfour était estimé à 50000 en Janvier 1988[9] soit une arme par chaque seize homme.
Tar Usman[10] estime que la prolifération des armes légères va prendre de l’ampleur durant les années 86 et 89 sous le gouvernement de Sadiq Al Mahdi qui avait commencé à armer des milices muraheleen dans les régions de Darfour et Kordofan.
Un article disponible sur le site web de l’Amnesty International[11] se force d’identifier les différents types d’armes et les transferts d’armement vers le Soudan. Selon cette article, « les gouvernements ont sciemment ou à leur insu permis la livraison vers le Soudan d’armes et de matériels militaires connexes »
Selon ce même article « les armes légères sont si nombreuses à circuler dans la zone du Darfour que beaucoup jugent quasiment impossible de désarmer les Janjawid. Après une opération publique au cours de laquelle, le 27 août 2004, les Janjawid ont entassé leurs armes devant le représentant spécial des Nations unies, Jan Pronk, à El Geneina, des membres de groupes sédentaires aussi bien que nomades ont fait remarquer que la plupart des Janjawid possédaient non pas un mais cinq ou six fusils et que le fait d’en avoir perdu un ne changerait rien. »[12]
Le danger que représente la présence de ces armes a déjà commencé à se faire ressentir. La désertification accéléré par les problèmes de sécheresse ont augmenté ou du moins maintenir la pression sur les sources d’eau, les conflits sur les puits et les zones de pâturage qui étaient autrefois réglé par des épées vont devenir insoluble dans une ère inondée des armes légères. Il n’est donc pas étonnant de voir des diplomates onusiens qualifier le conflit actuel au Darfour comme étant la plus importante crise humanitaire.
Le drame humanitaire que connaît la région de Darfour actuellement peut aussi avoir comme racines les nombreux coups d’état et guerres civiles qui ont été les traites de l’état post coloniale soudanais.
La première guerre civile qu’a connue le soudan était en juillet 1955, soit six mois avant son accession à l’indépendance. Les raisons en sont multiples; le sud-soudan qui avait plus d’un quart de la population du pays ne peut élire que 13 députés sur 95 pour l’assemblée législative de 1948. Aussi le sud ne fut véritablement pas associé à la préparation de l’indépendance du 1er Janvier 1956.
Administrés au départ comme des régions différentes, le Sud et le Nord vont être fusionnés en une seule région administrative par l’empire Britannique qui occupait à l’époque le Soudan. Après l’accord de février 1953 entre Le Royaume-Unis et l’Egypte reconnaissant l’indépendance au Soudan, les tensions internes entre le Sud animiste et chrétien (qui craignait une domination politique des nordistes) et le Nord majoritairement musulmans qui se considérait de culture arabe vont commencer à s’aggraver.
Dès juillet 1956 une mutinerie menée dans le Sud marqua le début d’une guérilla qui durera 17ans. Les groupes insurgeant composé des mutinés et des étudiants a su évoluer au fil de ces années pour devenir une véritable armée de sécession appelée Anyanya ou Anyanya 1. De 1956 à 1969 les dictatures militaires et régimes parlementaires se succèdent mais aucun d’eux ne sut ni arrêter la guerre du Sud, ni assurer son développement. Après le putsch du 25 Mai 1969, un groupe d’officiers avec à sa tête le colonel Djarfar al-Nimeiry parvient au pouvoir avec l’aide des communistes[13].
En 1971, un ancien lieutenant Joseph Lagu arrive à unifier toutes les bandes guérilla sous son Southern Sudan Liberation Movement (SSLM). Ceci fut la première fois dans l’histoire de la guerre que le mouvement séparatiste se dota d’une structure unifiée dans sa quête pour obtenir une sécession ou la formation d’un Etat indépendant Sud-soudanais. C’était aussi la première organisation qui pouvait prétendre parler ou négocier au nom de tous le Sud-soudan. En 1972 l’accord d’Addis-Abeba signé entre le gouvernement de Nimeiry et le SSLM qui prévoyait
« - l’autonomie régionale du Sud ;
- un développement ;
- une représentation équitable au gouvernement central ;
- une constitution et un droit laïques pour le pays[14] » signala la fin de la guerre civile.
Malheureusement onze ans après la signature de cet accord, Nimeiry réélu pour un troisième mandat en I982 le cassa et tente d’islamiser le pays. Le sud où l’investissement affluent depuis le cessez feu de 1972 va être divisé en trois. Les Sudistes se rebellent de nouveau, refusant ce découpage géographique et l’entrée en vigueur de la charia[15]. L’armé populaire de libération du Soudan dirigé par le colonel John Garang rassemble désormais les sudistes. Ce mouvement se revendiquait non-arabe et chrétien mais surtout, contre l’instauration de la sharia. Il avait pour but avoué l'établissement d'un Soudan démocratique.
En avril 1985, [16]le colonel Nimeiry fut renversé lors d’un soulèvement populaire dirigé par le General Al-Dahad qui restaura un gouvernement civil mené par le premier ministre Sadeq El-MAHDI. En 1989 Le général El-Béchir arrive au pouvoir grâce à un énième coup d'Etat et il va mettre en place un régime totalitaire avec des services de sécurité qui enlèvent, torturent voire tuent tout opposant supposé dans tout le pays. La guerre au Sud-Soudan va alors finalement se poursuivre 16 années supplémentaires, 16 années marquées par de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, en accumulant une richesse colossale.
La guerre continue pendant treize années de pourparlers de paix ; en 1992/1993 les pourparlers de paix reprennent avec les négociations d’Addis-Abeba I et Addis-Abeba II qui échouent. A l’initiative de l’Érythrée, de l’Éthiopie, du Kenya et de l’Ouganda, regroupés au sein de l’IGAD (Intergovernmental Authority for Development), des négociations de paix reprennent entre le gouvernement de Khartoum et les ALPS. Le 20 Mai, une « Déclaration de principes » de l’IGAD, considère que la solution du problème soudanais réside dans « l’unité du pays dans la démocratie et la laïcité de l’Etat »[17]
Les accords de Machakos[18] signé en 2002 et l’accord de paix signé à Nairobi Le 9 janvier 2005, qui met fin à 21 ans de guerre civile et 3 millions de morts, entre John Garang (SPLM) et le vice-président du gouvernement soudanais, Ali Osmane Taha. Cet accord prévoit notamment la création d’un poste pour les anciens rebelles, le poste de vice-président, afin que le Sud Soudan soit lui aussi représenté dans un gouvernement d’Union nationale. Il prévoit aussi un régime d'autonomie pour le Sud Soudan de 6 années, période à l'issue de laquelle un référendum d'autodétermination sera organisé.
Bien que ces accords aient joué un rôle très important dans la résolution pacifique de la guerre civile qui a ravagé l’ensemble du pays pendant environ deux décennies, ne peut-on pas remettre en cause l’influence éventuelle que peut avoir ces accords sur une région aussi fragile qu’on vient de démontrer ? Selon certains analystes les accords de Machakos et de Nairobi sont quelque part les principales raisons de la crise au Darfour et des prochaines à venir dans la mesure où c’était un accord entre 2 parties uniquement, le SPLA (qui ne représente pas tout le Sud) et le gouvernement (qui ne représente que le Nord arabo-musulman). Ils se sont mis plus ou moins d’accord sur la cohabitation entre un système laïc au Sud et islamique au Nord. Mais ces accords ont exclus tous les autres parties du Soudan. De plus, seuls ceux qui prennent les armes se sont vus ouvrir les négociations. Ceci pourrait constituer un précédent pour les autres mouvements.





Sous section II: Les causes du conflit actuel
Le conflit au Darfour surgit dans l’actualité alors que prenait fin la longue guerre qui opposait depuis 1982, la rébellion sudiste du Sudan People’s Liberation Army/Movement (SPLA/M) de John Garang et le pouvoir central de Khartoum, dirigé depuis 1989 par Omar El-Béchir.
Selon Jean Nanga [19] « Une fois de plus, pour les médias dominants, il s’agit d’une guerre ethnique : d’un côté, les Zaghawa et les Massalit, organisés au sein de la Sudan Liberation Army (SLA), appuyés par le Justice and Equality Movement (JEM), de l’autre les miliciens Janjawid, soutenus par l’armée gouvernementale. Une aubaine pour la presse à sensation, car le conflit opposerait des Noirs dans le rôle de victimes et des Arabes, donc de musulmans, dans celui de bourreaux » Dans le même ordre d’idée, Marc Lavergne[20] un spécialiste du Soudan au Centre National de la Recherche Scientifique(France), considère que le conflit ne serait pas racial mais que le problème majeur de ce pays vient de gouvernements médiocres qui se sont succédé depuis l’indépendance. « Ceux-là même qui ont ignoré les provinces périphériques de la capitale, dont le Darfour, et qui instrumentalisent aujourd’hui des miliciens à des fins économiques.»
Si la guerre entre le gouvernement et le SPLA était assimilé à une guerre entre le Nord arabo-musulmans et le sud chrétien et animiste, la guerre sanglante aux racines complexes qui a lieu au Darfour est d’une autre nature en raison de la multiplicité des protagonistes et d’autre part parce que la population est aussi bien arabe musulman et noire. Le conflit au Darfour est une crise aux causes et origines opaques, une tentative d’éclairage repose donc sur plusieurs facteurs qui s’imbriquent les unes les autres. Certes le conflit actuel au Darfour met en jeu des éléments se rattachant à des identités ethniques et raciales mais ceux-ci ne sont-ils que des facteurs aggravants et non déclencheurs? Nous allons donc dans cette sous section essayer d’aborder les causes considérés directes ou déclencheurs du drame actuel.
Depuis le mois de février 2003, une guerre civile ravage la province occidentale du Soudan, le Darfour, l’une de causes avancées par les forces rebelles est la question du sous-développement de la région. Le sous développement de cette province délaissé par les gouvernements successifs depuis l’indépendance provoque colère et frustration de la population civile créant des nombreuses rancœurs. Du fait que ces gouvernements n’ont jamais cherché à développer le Darfour, à y créer des emplois ou y construire des routes, ils se sont ainsi aliéné une population qui n’était pas contre eux à l’origine. Au début des années 1990, les Darfouriens ne s’étaient que quelques-uns à s’engager dans la contestation au pouvoir central de Khartoum. Ce sont pour beaucoup des étudiants du Darfour qui, en vivant à Khartoum, se rendent compte de la marginalisation de leur région.
En Mai 2000, dans les banlieues du Khartoum un ouvrage mystérieux fait du bruit, il s’agit du fameux « livre noir ». Malgré que sa diffusion soit interdite[21] par le pouvoir central, l’abandon de ces copies devant plusieurs mosquées assure cela. L’auteur ou les auteurs[22] recense/recensent les différents aspects de la présence de Darfouriens[23] dans l’appareil d’État et entend ainsi démontrer la marginalité de cette région et la domination de Nordistes dans l’appareil étatique.
La marginalisation de la région du Darfour n’est pas seulement d’ordre socio-économique mais existe aussi (comme le démontre les tableaux ci-dessous) au niveau des représentations politique. Nous tentons de démontrer à travers les tableaux ci-dessous comment le défaut d’une représentation équitable des régions au niveau de l’attribution des postes ministériels est directement responsable pour la marginalisation des régions périphériques du Khartoum ; une marginalisation qui est aujourd’hui dénoncer comme l’un de facteur déclencheur du conflit au Darfour. Pour le besoin de ces tableaux, nous avons regroupés en cinq régions les états fédérés soudanais à savoir ;
· La Région Orientale : l’état du Gadharif, l’état du Kasala et l’état de la Mer Rouge.
· La Région du Nord : l’état du Fleuve Nile et l’état du Nord
· La Région Centrale : l’état du Gezira, l’état du Sinnar, l’état du Blue Nile, l’état du White Nile et l’état du Khartoum
· La Région du Sud : l’état du Bahr Alghazal, l’état de l’Upper Nile et l’état Equatorial etc.
· La Région Occidentale : l’état Darfour et l’état Kordofan

Le tableau A ci-dessous démontre la représentation des régions dans les différents gouvernements qui se sont succédé de 1954 au 1964. Le Soudan est de l’année 1954 jusqu’à l’année 1957 gouverné par le Parti démocratique unioniste et le parti Oumma qui remportent la majorité des sièges législatives avec à leur tête le Sheikh Alazhari. Les élections législatives de 1958 donnent la majorité au parti Oumma, toutefois le gouvernement formé par Khaleel est renversé après une révolte de l’armé. Le Général Ibrahim Abboud dirige les affaires du pays de 1958 au 1964, date à laquelle il démissionne de son poste.
A. Tableau de la répartition régionale des postes ministériels depuis 1954 jusqu’à 1964
Postes Ministériels 1954 – 1964.
Région Nombre Overall %
1 La région Orientale 1 1.4%
2 La région du Nord 58 79%
3 La région Centrale 2 2.8%
4 La région du Sud 12 16%
5 La région occidentale 0 0%
Source ; The black book disponible sur <http://www.sudanjem.com/>

B Tableau de la répartition régionale des postes ministériels entre 1964 et 1969
Postes Ministériels 1964 – 1969
Région Nombre %
1 La région Orientale 2 2.05%
2 La région du Nord 55 67.9%
3 La région Centrale 5 6.2%
4 La région du Sud 14 17.3%
5 La région Occidentale 5 6.2%
Source ; The black book disponible sur <http://www.sudanjem.com/>


C Tableau de la répartition régionale des postes ministériels entre 1969 et 1985
Postes Ministériels 1969-1985
Région Nombre %

1 La région Orientale 4 3.5%
2 La région du Nord 79 68.7%
3 La région Centrale 19 16.5%
4 La région du Sud 9 7.8 %
5 La région Occidentale 4 3.5%
Source ; The black book disponible sur <http://www.sudanjem.com/>


Le gouvernement du maréchal Nimeiry arrivé au pouvoir en 1969 a été caractérisé par des instabilités internes fréquentes qui déboucheront sur des fréquents remaniements de son cabinet accumulant un total de 115 ministres. Le tableau C ci-dessus démontre la représentation des cinq régions dans son cabinet. Parmi les 115 ministres qui ont servis dans son gouvernement, seuls 31.3% d’entre eux ne provient pas de la région du Nord.
E. La Population soudanaise en 1986
Région Population %
1 La région Oriental 2,212,779 11.8%
2 La région du Nord 1,016,406 5.4%
3 La région Centrale 4,958,038 26.5%
4 La région du Sud 4, 407,450 23.7%
5 La région Occidentale 6, 072,872 32.6%
Total
18, 667,545 100%
Source ; The black book, disponible sur <http://www.sudanjem.com/>

F. . La Population soudanaise en 1993
Région Population %
1 La région Oriental 3,051,958 12.2%
2 La région du Nord 1,291,620 5.3%
3 La région Centrale 8,829,367 35.4%
4 La région du Sud 2, 845,480 11.4%
5 La région Occidentale 7, 912,285 31,7%
Total
24, 940,703 100%
Source ; The black book, disponible sur <http://www.sudanjem.com/>

Nous pouvons constater à travers l’étude les tableaux A, B, C, D l’hégémonie de la région du Nord dans la représentation ministériels du pays. Ce qui est encore plus perturbant est le fait que selon les tableaux E et F les nordistes que constituent que 6% de la population du soudan. La majorité de la population vont donc pour longtemps être soumis aux caprices de la minorité nordiste.
La marginalisation de la région du Soudan est certes l’une des causes déclencheuses du conflit actuel au Darfour, mais ne voyons-nous pas un effort d’instrumentalisation de cette question de marginalisation par ces mouvements rebelles pour avancer leurs ambitions politiques et mercantiles ? Si il est évident que le Darfour soit sous-développé cette situation n’est pas du tout différent de la situation dans les toutes les autres parties du pays à l’exception de la région du Nord. Dans son article intitulé Darfur in perspective, David reprend les propos de Ghazi Suleiman[24] un activiste humanitaire soudanais, qui estime que le conflit au Darfour n’aurait rien avoir avec la marginalisation ou encore la répartition inéquitable des richesses mais que ce conflit est le fruit d’une lutte entre d’une part le « Sudanese Islamic movement », le « Popular Congress Party » (l’opposition)qui cherche à s’accaparer le pouvoir et d’autre part le parti en pouvoir le « National Congress » soucieux de se maintenir au pouvoir.
Hoile évalue dans son ouvrage que le gouvernement de Béchir serait le seul à vraiment s’intéresser à la question du sous-développement dans la région depuis l’accession du pays à l’indépendance. Il appuie cet argument sur certaines données chiffrées à la base desquelles nous avons construit le tableau ci-dessous ;

Un tableau démontrant quelques initiatives de développement entrepris par le gouvernement de Béchir dans la région du Darfour depuis 1989.
AVANT 1989 EN 2003
Les Structures
Nombre

Les Structures
Nombre
Les Ecoles Primaires
241

Les Ecoles Primaires
786
Les Lycées
16

Les Lycées
250
Les Universités
0

Les Universités
3
Les Hôpitaux
3

Les Hôpitaux
23
Les centres de santé
20

Les centres de santé
44
Les Aéroports
0

Les Aéroports
3
Les Aérodromes
0

Les Aérodromes
3

Si les rebelles avaient avancé en 2003 que le conflit sanglant au Darfour n’était qu’un corollaire logique de la politique de marginalisation menés par Khartoum depuis l’indépendance du pays, les attaques fréquentes que ces groupes rebelles ont menés sur des nombreux sites des projets de développement, des hôpitaux, des écoles etc. nous conduisent aujourd'hui à remettre en cause cette argument.
Si le drame actuel au Darfour ne peut se résumer à un conflit opposant les noirs dans le rôle des victimes et des arabes dans celui des « bourreaux » ceci ne peut non plus être résumé à la marginalisation de la région du Darfour. Selon une étude publiée tout récemment par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement(UNEP)[25] le conflit au Darfour pourrait avoir pour cause directe la crise environnementale que traverse pendant deux décennies la région du Darfour ainsi que toutes les autres régions du pays. Ce rapport lie le conflit du Darfour à la crise environnementale que la sécheresse a provoqué dans la région. La dégradation de l’environnement, dans un contexte de grande précarité de ressources, et d’absence de politiques de développement agricole, conduit aujourd’hui dans la bande sahélienne à des conflits pour l’usage et l’appropriation du sol de plus en plus meurtriers et insolubles. Comme l’ensemble du Sahel, le Darfour est victime d’une situation de déséquilibre entre la population et les ressources ; la surexploitation des sols cultivables et le surpâturage dans une zone semi-aride comme le Sahel est l’une des causes majeures de la désertification, aussi la pression de la nécessité, les pratiques culturales se font de plus en plus au détriment de la qualité des sols.
Il est ainsi évident que pour pouvoir trouver une solution durable aux conflits et édifier la paix au Soudan, l'investissement dans la gestion et la régénération des ressources naturelles demeure indispensable. C’est d’ailleurs dans cet ordre d’idée que Achim Steiner, Secrétaire-général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement, observe que « Il est néanmoins clair que la manière dont l'environnement sera réhabilité et géré au Soudan aura une très forte incidence sur cet avenir et sera déterminante en ce qui concerne le maintien de la paix. La tragédie du Soudan n'est pas seulement la tragédie d'un pays d'Afrique, c'est une fenêtre sur le reste du monde qui met en évidence la manière dont des problèmes tels l'épuisement incontrôlé des ressources naturelles, comme les sols et les forêts, conjugués à des impacts comme les changements climatiques, peuvent déstabiliser les communautés, voire même des nations entières »[26]
Liés à cette question de désertification est aussi le problème de l’explosion démographique que connait la région du Darfour. La population du Darfour est passée de 300 milles en 1900 à 3millions en 1986[27]. Aujourd’hui la population du Darfour s’élève à environ 7,9 millions d’habitants. Lavergne dans un article[28] souligne que « Du fait de la croissance démographique des dernières décennies, le sol est désormais cultivé année après année sans périodes de repos. La jachère n’est respectée qu’en année de sécheresse, lorsque les pluies ne sont pas suffisantes pour permettre une récolte, ce qui n’assure pas une véritable régénération du sol ».

Section II : Les protagonistes du conflit au Darfour
Lorsque la guerre a commencé en février 2003, des négociations de paix avaient déjà débuté en juillet 2002 au Kenya entre d’une part le gouvernement central soudanais représenté par le vice président Ali Osman Taha et d’autre part les rebelles du Sud Soudan, la SPLA (Sudan People’s Liberation Army) représenté par John Garang. Pour figurer eux-aussi à la table des négociations certains groupes armés lancèrent alors une. Cette section s’efforcera ainsi de non seulement recenser les forces en présence au Darfour mais aussi de donner un bref aperçu de l’organisation et objectifs de ces mouvements.
Nous allons dans la sous section I voir toutes les forces en présence au Darfour à savoir les milices Janjawids, les Mouvement rebelles et dans la deuxième sous section nous allons essayer analyser l’implication du gouvernement central dans le conflit.
Sous section I : Les Janjawids et Les mouvements rebelles du Darfour
En 2003, lorsque le drame actuel au Darfour s’éclate seuls deux mouvements rebelles était présents, il s’agissait du Mouvement/Armée de libération du Soudan (M/ALS) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE). Depuis lors, ces deux mouvements se sont fragmentés en une pléthore impressionnante des factions souvent rivales. La signature le 5 Mai 2006[29] dans la capitale nigérienne va engendrer l’éclatement des mouvements rebelles traditionnels. Aujourd'hui il existe environs une quinzaine de groupes armés issue du MJE ou du MLS.
Le Mouvement/L’Armé de libération du Soudan (Fraction Abdel Wahid An-Nour)
Fondé par Abdul Wahid An-Nour en 1992 lorsque ce dernier faisait ses études de droit à l’université de Khartoum, le MLS demeure la faction la plus importante numériquement[30]. Elle revendique un Etat démocratique, libéral, fédéral et laïc dans lequel tous les citoyens seraient égaux quelque soit leur convictions religieuses, politiques et leurs traditions culturelles. Le Mouvement de Libération du Soudan aujourd’hui divisé en trois groupes est essentiellement composé des Fours et opère surtout sur les pentes du djebel Marra situé au centre du Darfour[31]. Mr Abdul Wahid An-Nour Abdul Wahid Mohamed el Nour, de la communauté des Fours, considéré par bon nombre de personnes comme le chef rebelle le plus populaire du Darfour avait refusé de prendre part au processus de paix tant que la Mission hybride des Nations Unies et de l’Union africaine (MINUAD) n’aurait pas été déployée au Darfour.

Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE)
Dirigé par M. Khalil Ibrahim, un Zaghawa apparenté à Idriss Déby, le président tchadien, le mouvement pour la justice et l’égalité est réputé avoir une idéologie islamique. Bien que ceci soit nié par MJE et Tourabie, ce mouvement est aussi accusé d’être liés à Hassan Al-Tourabie[32] un islamiste et ancien chef des Frères musulmans[33]. Ce mouvement est dans sa composition exclusivement Zaghawa. Le MJE a boycotté les pourparlers de Syrte (Libye) pour protester contre la présence de mouvements de résistance qui, prétend-il, n’ont aucune influence et ne sont pas présents sur le terrain, au Darfour. « Riche de l’argent des Frères musulmans, le mouvement pour la justice et l’égalité exerce une influence sans commune mesure avec ses forces militaires réelles sur l’ensemble de la guérilla[34] ».

Mouvement de libération du Soudan - Fraction Minni Minnawi (MLS-MM).
Dirigée par M. Minnawi, cette fraction s’est séparée du MLS originaire en novembre 2005. Minni Minnawi occupait le poste de chef Militaire du MLM avant sa désolidarisation du leader politique Abdul Wahid Mohammed. Presque entièrement composée de Zaghawas (l’ethnie de M. Minnawi), c’est la seule qui ait accepté de signer l’accord de paix d’Abuja. A la suite de cet accord Minni Minnawi va être nommé au poste de conseiller présidentiel sur le Darfour.

L’Alliance démocratique fédérale du Soudan (ADFS)
L’ADFS a à sa tête, Ahmed Ibrahim Diraige, une personnalité, selon plusieurs sources soudanaises, à laquelle il faudra être attentif. Le ADFS n’est pas lui une faction dissidente du MJE ni de l’ALS contrairement à la plupart des autres groupes armés.

Le Front des forces révolutionnaires démocratiques (FFRD)
Le front des forces révolutionnaires est mené par Salah Abdurahman
Abu Surrah, Cette fraction regroupe en sein les communautés arabes. Cette faction déclare avoir accueilli en son sein certains de Janjaweeds (voir ci-après) en vue d’affaiblir le pouvoir du gouvernement dans la région.
Mouvement de libération du Soudan Al-Ikhtyar Al-Hur (MLS - Libre choix).
Ce mouvement avec à sa tête M. Abderrahmane Moussa est exclusivement composée de représentants de petites tribus du Darfour telles que les tribus Tunjurs et Dajjus. M. Abderrahmane Moussa, était l’ancien ancien porte-parole du MLS-Abdul Wahid Nour aux négociations d’Abuja. Cette toute petite fraction s’est ralliée à l’accord de paix et va voir son leader Abderrahmane Moussa nommé au poste ministre d’Etat. Certains journalistes considèrent que si le mouvement de Moussa Abderrahmane s’est rallié à l’accord c’est non pas parce qu’il y croyait, mais parce que les populations des petites ethnies, très touchées par la guerre, n’ont pas eu accès aux camps de personnes déplacées et que les leaders tunjurs espéraient bénéficier des « corridors sécurisés pour l’aide humanitaire » prévus par l’accord. Or même si Moussa Abderrahmane occupe désormais le poste ministre d’Etat les tribus n’ont pas bénéficié de l’aide espérée.
Les forces pour la rédemption nationale (FRN) dirigé par l’ancien gouverneur Ahmed Ibrahim Diraige (ethnie four) et par l’intellectuel Sharif Harir (zaghawa), est une « organisation ombrelle[35] » dans la mesure où celle-ci s’efforce de réunir en son sein tous combattants des diverses fractions refusant la « paix » d’Abuja.
Le Mouvement national pour la réforme et le développement (MNRD) désolidarisé du MJE en 2000 mené par Jibril
Abdel Karim, de l’ethnie des Zaghawas, mais représenté à Syrte par Khalil Abdullah. Le groupe s’est désolidarisé du MJE en 2004.
2. Les « janjawids »
Les janjawids sont des milices issues des tribus « arabes ». Leur nom signifie approximativement « cavaliers armés de kalachnikovs ». Elles n’ont pas de « mouvement » ou d’unités organisées. Ce sont soit des bandes, soit des auxiliaires rattachés à des unités de l’armée régulière soudanaise.
3. Le président tchadien Idriss Déby Itno
Pays frontalier du Soudan, le Tchad a vu arriver plus de deux cent mille réfugiés du Darfour depuis le début du conflit. N’Djamena accuse Khartoum de soutenir la rébellion armée à laquelle il est confronté depuis plus d’un an. Réciproquement, Khartoum accuse N’Djamena d’aider les opposants soudanais. Ces tensions sont nouvelles, car le président tchadien, lui-même zaghawa, avait servi d’intermédiaire au président Omar Al-Bachir en 2003 afin d’obtenir un cessez-le-feu avec l’ALS. Ce cessez-le-feu sera sans lendemain. En 1990, le chef militaire de l’ALS Abdallah Abakkar avait contribué à porter M. Déby à la tête du Tchad.

Sous section II
L’implication du gouvernement soudanais dans le conflit

La guerre du Darfour ne pourra pas cesser tant que le gouvernement soudanais maintiendra ses buts de guerre, c’est-à-dire sa vision d’un Soudan dominé par une élite se référant à une culture exclusive, en l’occurrence arabo-musulmane importée, dans le cadre d’une vision du monde tirant sa dynamique du « choc des civilisations ».
Si ce préalable était levé, la reconstruction du Darfour sur des bases rénovées pourrait être effectuée en se fondant essentiellement sur les ressources naturelles et humaines locales, la région tirant sa cohésion d’une longue histoire qui a vu cohabiter des peuples divers, qui sont en mesure d’exploiter au mieux l’étendue des ressources locales

[1] Voir DIKA Pierre-Paul. La crise du Darfour ou la faillite de l’Etat post-colonial soudanais. Disponible sur < http://www.institutidrp.org> consulté le 15.03.2008
[2] Une mutinerie menée par des officiers éclatera, pour finalement devenir une véritable une guerre civile de 17 ans (1955-1972), la première que connaîtra ce pays avec le Sud. Des élections eurent lieu en avril 1965 mais les gouvernements successifs furent incapables de se mettre d'accord sur une constitution permanente ou de résoudre les problèmes de la lutte entre factions, de la stagnation économique et de la dissidence ethnique et plusieurs coups d’état se succédèrent : en mai 1969 avec le colonel Nimeiri qui déjà, supprima le Parlement et interdit tous les partis politiques ; en juillet 1971 avec des marxistes de la coalition militaire au pouvoir qui renversèrent Nimeiri, qui fini par être restauré quelques jours plus tard par des troupes anti-communistes.
[3] Apres avoir traversé une guerre civile de 17ans affrontant le pouvoir central au mouvement sudiste dirigé par Joseph LAGU, un accord de paix signé à Addis-Abeba va reconnaitre un certain degré d’autonomie sur le plan politique et religieuse aux populations du sud (qui est majoritairement animiste. Voir MARCHAL Roland. Le soudan d’un conflit a un autre. L e s É t u d e s d u C E R I N° 107-108 - septembre 2004 Disponible sur <http://www.ceri-sciences-po.org> Consulté le 13.03.08
[4] Michelet, Jules (1798-1874), historien français, spécialiste de la Révolution française. Né à Paris dans une famille d’imprimeurs, il manifesta rapidement des capacités remarquables d’historien qui le conduisirent en 1838 au Collège de France. Ses cours y firent rapidement scandale par leur anticléricalisme et leur libéralisme affiché, et furent à plusieurs reprises suspendus. Historien universel (Histoire de France, 1833-1846), Michelet consacra cependant à la Révolution française ses travaux les plus importants (1847-1853). Voir Microsoft Encarta ® 2007.
[5] Cette citation a été utilisée par le Professeur TREDANO Abdlmoughit, lors d’une séance avec les étudiants de semestre six en Droit Public (études internationales) Faculté de sciences juridiques, économique et sociales, Université Mohammed V, Soussi, Rabat le 17.04.2008.

[6] Voir TAR A Usman. Old conflict, new emergency: An Analysis of Darfur crises, Western Sudan. Nordic Journal of African Studies 15(3): page 413, 2006
[7] HOILE David. Darfur in perspective. Disponible sur << http://darfurinformation.com/darfur-in-perspective/default.asp>> Format PDF. p. 6, Consulté le 15.03.2008
[8] « Une guerre meurtrière avait opposé, en 1985-1988, les Fours aux tribus arabes lancées à l’assaut de leurs villages, sur fond d’allées et venues entre le Tchad et le Darfour, d’interventions de la Légion islamique libyenne et de jeux de pouvoir du parti Oumma de M. Sadeq El Mahdi. Elle avait pu sembler un moment de paroxysme, lié à la période de sécheresse. Avec le recul, elle apparaît comme une prémisse. Les Arabes Rezeigats du Sud y avaient obtenu confirmation d’un « dar » (pays) à eux dans la région d’Ed Duein, mais l’impression de trêve, plutôt que de paix, prévalait lors de la « conférence de paix » en novembre 1989.L’instauration d’un régime militaro-islamiste au Soudan, en 1989, ne régla pas le problème de l’insécurité. Au contraire, la bienveillance plus marquée des autorités envers les « tribus arabes » encouragea les plus belliqueuses d’entre elles. Plusieurs des leurs figuraient parmi les dignitaires du nouveau régime. Il y eut tout au long des années 1990 plusieurs guerres locales, le plus souvent ignorées à l’étranger : en 1990, entre Fours en faveur de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) du colonel John Garang et l’armée soutenue par les « Arabes » benis halbas. En 1996, dans le sud, entre Rezeigats et Zaghawas. En 1997-1999, dans l’Ouest, entre paysans massalits et arabes um julluls. Le plus souvent, l’initiative des hostilités revient aux tribus « arabes ». Pour désigner leurs milices se répand alors un vocable terrifiant, Janjawid, mot composé qui signifie approximativement « les cavaliers du diable, armés de kalachnikovs ». Car si, autrefois, on chargeait avec des lances et des épées, on attaque, depuis les années 1980, avec des fusils d’assaut. » Voir PENINOU Jean-Louis. Désolation au Darfour. Le Monde Diplomatique. Edition imprimée –pages 16 et 17.mai 2004
[9] Tar, op.cit., p.415
[10] Ibid. p. 415
[11] AMNESTY INTERNATIONAL. SOUDAN Qui arme les auteurs de graves violations au Darfour ? Publié le 16.11.2007. Disponible sur <<>>
[12] Id.
[13] Le parti communiste Soudanais est selon Microsoft Encarta 2007 le plus puissant parti communiste d’Afrique
[14] Hassan Al- Tom, Il ne faut pas trop vite se réjouir. Disponible sur<< www.vigilsd.org>> Format PDF. Edition no 129 Mars /Avril 2005. Consulté le 15.03.2008
[15] Voir Microsoft Encarta 2007
[16] Hassan Al- Tom, op.cit.
[17] Id.
[18]Trois problèmes sont traités en détail par l’accord. La liberté de culte existe dans tout le Soudan, et toutes les libertés bafouées par Khartoum sont citées dans une liste interminable, sans dire bien sûr qu’elles furent bafouées. L’autonomie du Sud est établie dès la conclusion de l’accord de paix. Un référendum d’autodétermination du Sud sera tenu 6 ans 1/2 après la signature de l’accord de paix. Ce référendum donnera le choix entre l’unité, avec la continuation indéfinie du système d’autonomie du Sud, et l’indépendance. Des principes sont émis, la charia dans le Nord [les gens du Nord ont beaucoup dit que cela ne regardait pas les Sudistes qui l’ont signé..] ;
L’ALPS fera tout son possible pour que le référendum soit favorable à l’unité.
[19] NANGA Jean, Les enjeux du conflit meurtrier Disponible sur <> Publié le 15 novembre 2004. Consulté le 15.03.2008
[20]Voir Wikipédia l'encyclopédie libre. Guerre civile au Darfour. Disponible sur<<>> Consulté le 15.03.2008
[21] Évidemment disponible sur le site Internet du MEJ, .Format PDF .Consulté le 03.05.2008
[22] Les auteurs qui s’auto désignent <> demeurent toujours inconnus.
[23] Le livre contient au total 200 tableaux dénonçant la main mise sur l’Etat et la politique soudanaise de trois grandes tribus du nord du Soudan, Cheiquir, Djaalin et Danagla.

[24] Voir HOILE David. Darfur in perspective. Disponible sur << http://darfurinformation.com/darfur-in-perspective/default.asp>> Format PDF. p. 6, Consulté le 15.03.2008
[25] Disponible sur « http://sudanreport.unep.ch/UNEP_Sudan.pdf »
[26] L'évaluation du programme des nations unies pour l’environnement, qui a été demandée par le nouveau gouvernement d'union nationale et le gouvernement du Sud-Soudan et réalisée en collaboration avec eux, fait un grand nombre de recommandations diverses. Parmi celles-ci figurent l'investissement dans la gestion environnementale, y compris des mesures d'adaptation au climat ; le renforcement des capacités des gouvernements national et local dans le domaine de l'environnement et l'intégration des facteurs environnementaux dans tous les projets d'aide et de développement des Nations Unies. « Le coût total de la mise en oeuvre des recommandations de ce rapport est estimé à environ 120 millions de dollars sur une durée de trois à cinq ans. Ce chiffre n'est pas exorbitant si on le compare au PIB du Soudan, qui s'élevait à 85,5 milliards de dollars en 2005 », constate l'étude du PNUE. Voir La crise du Darfour est aussi une crise environnementale. Disponible sur http://www.fmes-france.net/article.php3?id_article=694. Consulté le 15.03.2008

[27] LAVERGNE Marc Darfour : éléments pour l’analyse d’une guerre civile en milieu sahélien. Disponible sur http://www.marc-lavergne.com/travaux/caf/darfour%20Afrique%20contemporaine.pdf. Consulté le 15.03.2008
[28] Id.
[29] Cet accord signé deux jours après l’élection du président Tchadien adopté d’ailleurs à l’initiative de ce dernier sera sans lendemain en raison du boycott des négociations par les forces rebelles à l’exception de la fraction dirigé par Minni Minnawi.
[30] À noter que l'ALS est la branche armée du MLS. Ces combattants, généralement très jeunes, forment une troupe réputée pour être extrêmement disciplinée. Cette armée est aujourd'hui estimée à environ 10 000 hommes. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/ Armée_de_libération_du_Soudan.htm. Consulté le 19.05.2008
[31] Pour aller plus loin voir l’article intitulé Les Protagonistes du conflit. Disponible sur « http://www.monde-diplomatique.fr// Les protagonistes du conflit (Le Monde diplomatique).htm » Consulté le 15.03.2008
[32] « Hassan Abdallah al-Tourabi (en arabe حسن عبد الله الترابي) né en 1932 à Kassala est un homme politique et religieux soudanais.. Al-Tourabi nait à Kassala à la frontière avec l'Érythrée en 1932. Son père est un cheikh soufi. Ancien chef des Frères musulmans soudanais, il prêche un panarabisme islamique en symbiose militante avec tous les mouvements islamistes du monde arabe, mais aussi non arabe. Le général Omar el-Béchir arrive au pouvoir par un coup d'État en 1989 et est fortement sous l'influence d'al-Tourabi. Il est élu président du parlement soudanais en 1995. En décembre 1999, il essaie d'évincer le général Omar el-Béchir du pouvoir mais sa tentative échoue et le parlement est dissout. En mars 2004, el-Béchir emprisonne al-Tourabi pour tentative de coup d'État datant de septembre 2003. Le 30 juin 2005, le président Omar el-Béchir, pour fêter le 16e anniversaire de son arrivée au pouvoir par un coup d'État, libère tous les prisonniers politiques soudanais, y compris al-Tourabi. En 2006, al-Tourabi est accusé d'apostasie pour avoir écrit dans un article que les femmes musulmanes devraient avoir le droit de se marier avec des chrétiens ou des juifs et qualifiant les avis religieux s'y opposant de "rétrogrades". Il s'est également déclaré favorable à l'organisation de prière non séparé entre hommes et femmes. Il a réitéré ses propos à l'université de Khartoum, qualifiant ses opposants traditionalistes de défendre des idées "périmées". » Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Hassan_al-Tourabi.htm Consulté le 19.05.2008
[33] Les frères musulmans est une organisation panislamiste ayant une vision d'instaurer un grand état islamique fondé sur la charia et basée sur la sunna. Le mot d’ordre de l’organisation est : « Allah est notre objectif. Le prophète Mahomet est notre chef. Le Coran est notre loi. Le djihad -guerre 'juste', appelé improprement guerre sainte- est notre voie. Mourir dans les voies d’Allah est notre plus grand espoir ».
[34] Voir l’article Les Protagonistes du conflit. Disponible sur « http://www.monde-diplomatique.fr// Les protagonistes du conflit (Le Monde diplomatique).htm » Consulté le 15.03.2008

[35] Id

1 comment: